Ci-dessous, nous vous invitons à creuser un peu plus les réponses par thématiques abordées.
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Institutionnalisation de la prévention et de la lutte contre les LGBT-phobies
1a. Malgré l’article 15.2 de la Constitution genevoise, il n’existe aujourd’hui aucune base légale concernant la prévention et la lutte contre les violences, les stéréotypes et les discriminations basées sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre. Questionné.e.s sur la création d’une loi cantonale, 95% s’y disent favorables, 3% favorables sous réserves, 1% n’y est pas favorable et 1% est sans opinion.
Julien NICOLET-DIT-FÉLIX, candidat pour les Verts, émet une réserve, car il estime qu’une base légale est nécessaire mais doit s’accompagner d’actions de sensibilisation et de formation pour déconstruire les stéréotypes. Marie-Claire MESSERLI, candidate pour le PLR, émet également des réserves, « sous réserves de non abus sexuels ni contraintes sur des mineurs », mélangeant à tort pédophilie et violences sexuelles, condamnés par le droit pénal, et homosexualité, une orientation sexuelle et affective, tandis qu’Elena SHLYAPINA, candidate pour le MCG, motive son refus par le fait qu’elle juge la Constitution genevoise suffisante et que l’orientation sexuelle serait un choix et donc potentiellement influençable : « La Constitution genevoise contient déjà des dispositions légales suffisantes. Je crois que la liberté du choix de l’orientation sexuelle doit être traité comme le choix de religion, d’opinion politique, l’appartenance ethnique, etc. Cette liberté doit être garantie au même titre et par les lois qui garantissent la protection contre la violence et la discrimination des autres droits humains. En ce qui concerne la lutte contre les stéréotypes, j’insiste que cela doit se faire en respect total de la liberté des non LGBT, car notre liberté s’arrête là où commence la liberté des autres et les droits dont toujours accompagnés des obligations. »
1b. Questionné.e.s sur la création et la mise en œuvre d’un plan d’actions cantonal visant à prévenir et lutter contre les violences, les préjugés et les discriminations basées sur l’orientation sexuelle et/ou l’identité de genre, 96% s’y disent favorables, 2% favorables sous réserves, 1% n’y est pas favorable et 1% est sans opinion.
Les candidat.e.s émettant des réserves se questionnent sur la réelle ampleur des violences qui nécessiterait un tel plan d’actions, sur les coûts relatifs ou encore si les mesures actuelles misent en place ne suffiraient pas (adaptation de la LAVI, par exemple).
1c. Le BPEV inclut un poste de chargé.e de projets LGBTIQ à 20 %. Questionné.e.s sur l’extension éventuelle de ce poste à un plein temps, temps de travail qui reflèterait mieux les besoins du poste, notamment liés à l’application du Regal, 81% s’y disent favorables, 16% favorables sous réserves, 1% n’y est pas favorable et 2% sont sans opinion.
Les réticences ici sont évoquées comme étant liées à un manque de connaissances de ce poste et de son cahier des charges, de la nécessité d’évaluer les besoins de celui-ci ou encore du budget cantonal.
1d. Le Département de l’Instruction Publique s’engage depuis 2010 à travers des actions concrètes pour prévenir et lutter contre les LGBT-phobies dans les écoles et mandate la Fédération pour la mise en place d’un programme d’actions de sensibilisation et de formation au sein des écoles genevoises. Questionné.e.s sur un renforcement de la prévention et de la lutte contre les discriminations, les violences et les préjugés, intégrant les discriminations basées sur l’orientation sexuelle ou l’identité de genre, 96% s’y disent favorables, 2% favorables sous réserves, personne n’y est opposé et 2% sont sans opinion.
Les autres réserves évoquées sont liées à la volonté de rattacher cela à la lutte contre les discriminations de manière globale, la volonté d’ajuster les actions mises en place actuellement ou au refus d’intégrer l’écriture épicène.
1e. Les conclusions de plusieurs études relatives à la santé des femmes lesbiennes et bisexuelles montrent que les discriminations, les stéréotypes et les violences dont elles sont les cibles ont des conséquences qui sont mesurables en terme de santé et soulignent le besoin d’une prévention ciblée et active auprès des femmes lesbiennes et bisexuelles. Questionné.e.s sur l’intégration des spécificités et vulnérabilités liées à la santé des femmes lesbiennes et bisexuelles dans les campagnes cantonales de prévention de santé, 94% s’y disent favorables, 3% favorables sous réserves, 2% n’y sont pas favorables et 1% est sans opinion.
Les réserves évoquées sont liées à un manque de connaissances sur ces questions, à la crainte de récréer des amalgames en parlant sous l’angle des vulnérabilités ou encore de reconduire des discriminations. Les refus recoupent pour certains les arguments évoqués par d’autres qui ont émis des réserves, ou ne sont pas motivés.
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Milieux professionnels
Les conclusions de l’étude «Être LGBT au travail» menée par l’Institut des Études Genre et la Fédération genevoise des associations LGBT montrent que les violences, les discriminations et les stéréotypes LGBT-phobes sont encore bien trop présents dans les milieux professionnels suisses, avec des conséquences négatives sur la santé des employé.e.s, sur l’égalité des chances et sur le climat de travail. Questionné.e.s sur l’éventualité que l’État encourage les milieux professionnels privés et publics, notamment via l’OCIRT, à mettre en place des mesures dans leurs politiques internes, 96% s’y disent favorables, 3% favorables sous réserves, personnes n’y est favorable et 1% est sans opinion.
Les réserves évoquées sont liées à la difficulté de contraindre les employeurs du privé, à des réticences à ce que l’État intervienne dans le privé ou à une volonté d’inclure ceci dans une perspective plus globale d’égalité pour toutes et tous.
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Création d’un Centre d’écoute des victimes de LGBT-phobies
Depuis mai 2013, l’État de Genève finance un Centre d’écoute et d’aide destiné aux victimes du racisme, centre coordonné par l’ensemble des associations de lutte contre le racisme. Questionné.e.s sur la création d’un tel centre concernant les discriminations liées à l’orientation sexuelle et/ou à l’identité de genre, financé par les pouvoirs publics et qui serait géré par la Fédération genevoise des associations LGBT et ses associations membres, 83% s’y disent favorables, 11% favorables sous réserves, 3% n’y sont pas favorables et 1% est sans opinion.
Ici, une plus grande réserve apparaît, principalement liée à la question du financement et l’éventualité de le regrouper avec un centre à la mission similaire.
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Précarité des personnes trans* et violences envers celles-ci
Les personnes trans* font face à une précarité sociale et professionnelle particulièrement grave: le taux de chômage des personnes trans* en Suisse s’élève à 20%, soit plus de 5 fois la moyenne de la population générale, indique l’enquête «Trans-Fair» menée par l’association nationale Transgender Network Switzerland en 2015. 30.8% des personnes trans* qui ont répondu à l’enquête et en situation de chômage avaient perdu leur emploi explicitement en raison des réactions transphobes suite à l’annonce de leur transition. De nombreuses personnes trans* se trouvent à la rue.
4a. Questionné.e.s sur la mise en place par l’État d’actions spécifiques afin de lutter contre la précarité des personnes trans*, 88% s’y disent favorables, 7% favorables sous réserves, 4% n’y sont pas favorables et 2% sont sans opinion.
Les réserves et certains refus sont motivés par le fait de traiter toutes les personnes en situation de précarité sur le même pied d’égalité, montrant une incompréhension des besoins et des vulnérabilités spécifiques, ou encore un manque de connaissances sur le sujet.
4b. Les personnes trans* sont également davantage la cible de violences et de discriminations: plus de la moitié des personnes trans* ont été la cible de discriminations ou d’au moins une forme de violence durant les 12 derniers mois, en particulier dans les domaines du travail, de la santé et de l’éducation. La Constitution genevoise comporte un principe de non-discrimination vis-à-vis de l’orientation sexuelle d’une personne, mais pas de son identité de genre. Questionné.e.s sur l’inscription d’un principe de non-discrimination lié à l’identité de genre dans la Constitution genevoise, 91% s’y disent favorables, 3% favorables sous réserves, 5% n’y sont pas favorables et 1% sont sans opinion.
Les réserves et certains refus sont motivés par un manque de connaissances sur le sujet, un amalgame entre l’orientation sexuelle et affective et l’identité de genre, la croyance qu’un article protège déjà les personnes trans*, ou encore l’argument que cela ouvrirait la porte au fait de rallonger encore la liste des non-discriminations dans la Constitution.
4c. Le DSM (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux) considère malheureusement la transidentité comme la dysphorie de genre, un trouble mental. Si un accompagnement médical est nécessaire, en particulier pour la prise d’hormones ou les opérations chirurgicales, le fait d’être trans* est toujours considéré comme une pathologie. Cette situation est dénoncée par les associations de protection des droits des personnes trans*, par la Fédération et ses associations membres et par des professionnel.le.s de la santé et des études de terrain. Questionné.e.s sur la dépathologisation de la transidentité, 91% s’y disent favorables, 7% favorables sous réserves, 1% n’y est pas favorable et 1% est sans opinion.
Beaucoup de candidat.e.s ayant pris connaissance de cette information en lisant le questionnaire se disent choqué.e.s par celle-ci. Les réserves sont motivées par le manque de connaissances sur ces questions, le fait de ne pas se sentir légitimes de se prononcer là-dessus ou le questionnement quant au fait que les frais médicaux ne sont ensuite plus remboursés par les assurances maladies de base.
4d. Questionné.e.s sur l’introduction d’une formation de base et continue des psychiatres et autres professionnel.le.s de la santé aux questions trans*, 95% s’y disent favorables, 3% favorables sous réserves, 1% n’y est pas favorable et 1% est sans opinion.
Les réserves émises sont motivées par le fait de ne pas rendre la formation obligatoire pour tout le monde ou de former une série de spécialistes seulement.
4e. De plus, pour changer de sexe officiellement, à l’état civil, en l’absence d’une législation fédérale claire, certains tribunaux cantonaux exigent encore trop souvent la preuve d’une réassignation génitale ou la preuve d’une stérilité irréversible de la personne trans*. Des critères pourtant clairement contraires au respect de la personne, de sa dignité et de ses droits fondamentaux, ce que les associations dénoncent également. Un avis de droit de l’Office fédéral de l’état civil, qui n’a pas de valeur contraignante, estime qu’il n’est pas nécessaire d’exiger qu’une personne doive se soumettre à une opération de réassignation chirurgicale alors qu’elle ne le souhaite pas et de devoir prouver qu’elle est stérile pour pouvoir changer de sexe à l’état civil. En l’absence d’une législation fédérale uniforme, les pratiques des tribunaux diffèrent d’un canton à l’autre. Questionné.e.s sur un changement d’état civil facilité pour les personnes trans*, qui ne dépendrait pas d’une preuve de stérilisation et qui se baserait sur l’auto-détermination des personnes trans*, 90% s’y disent favorables, 9% favorables sous réserves, personne n’y est opposé et 1% est sans opinion.
Les réserves sont ici motivées par le manque de connaissances, notamment juridiques, et donc la non-volonté de s’exprimer sans connaître, la crainte et la méconnaissance de la non-binarité ou encore la crainte du manque d’irréversibilité qu’un tel changement d’état civil facilité permettrait.
4f. Questionné.e.s sur la création d’une loi cantonale qui encadrerait le processus de transition, permettrait de dépathologiser la transidentité et qui se baserait sur l’auto-détermination des personnes trans* pour le changement de sexe à l’état civil, 88% s’y disent favorables, 10% favorables sous réserves, 1% n’y est pas favorable et 1% est sans opinion.
Les réserves sont ici motivées par le manque de connaissances, notamment juridiques, et donc la volonté de ne pas s’exprimer sans connaître, ou encore celle de ne pas créer des lois spécifiques mais d’inclure ces questions dans d’autres lois.
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Soutien aux associations et leur implication
5a. Questionné.e.s sur la consultation et l’une implication régulière de la Fédération et de ses association membres par l’État et les établissements autonomes que celui-ci contrôle, 95% s’y disent favorables, 3% favorables sous réserves, 1% n’y est pas favorable et 1% est sans opinion.
Les réserves émises sont motivées par la peur que cela ne soit pas productif ou encore que cela ouvre la porte à encore davantage d’associations.
5b. Questionné.e.s sur un soutien politique et financier de la Fédération genevoise des associations LGBT et de ses associations membres, les réserves sont un peu plus grandes : 84% s’y disent favorables, 14% favorables sous réserves, 1% n’y est pas favorable et 1% est sans opinion.
Les réserves émises sont motivées par une difficulté de se prononcer sur le principe ou des questionnements liés au budget cantonal ou à la répartition du financement ou des sources de celui-ci. Patrick LAPALUD, candidat au PS, a, lui, d’autres réserves : « Je n’aime pas le principe en général, les lobbys ne sont pas une bonne chose. Mais tant que ce n’est pas interdit, on n’est pas contre une aide. »