En vue des élections municipales genevoises de 2015, la Fédération genevoise des associations LGBT a envoyé à la mi-mars un questionnaire à l’ensemble des candidat.e.s afin qu’elles et ils s’expriment sur plusieurs thèmes touchant la communauté LGBT.
316 candidat.e.s, sur un total de 1769, ont rempli le questionnaire. 22.8% des réponses proviennent de la Ville de Genève et 77,2% des autres communes. La participation des candidat.e.s comprend des différences marquées en fonction de leur appartenance politique : PS 37.1% ; Ensemble à gauche 36.7% ; les Verts 28.7%; les Vert’libéraux 27.1% ; le PDC 17.8% ; le MCG 13.85%, le PLR 13.7% ; l’UDC 10.9%. Sous les dénominations d’entente diverses, la participation se chiffre à 10.2%, tandis que 10 candidat.e.s hors parti ont répondu.
Nous vous invitons à retrouver toutes les réponses ici: https://www.federationlgbt-geneve.ch/elections2015
Quatre questions ont été adressées aux candidat.e.s. Retrouvez ci-dessous les résultats ainsi qu’une sélection de commentaires variés que certain.e.s candidat.e.s ont fait figurer sous leurs réponses aux questions.
- Soutien aux associations et leur implication
Cette question comprenait deux volets, l’un concernant le soutien financier et politique à la Fédération et à ses associations membres ; l’autre portant sur la consultation et l’implication de la Fédération et ses associations dans les projets et actions des communes sur les questions LGBT. A 65%, une majorité des candidat.e.s est favorable au soutien politique, en mettant un bémol (réponses « sous réserve ») quant au soutien financier (conditions et sources du financement en période budgétaire difficile). Le volet concernant l’implication et la consultation des associations obtient une majorité plus large, à 87%.
Catherine Thobellem, candidate pour les Verts en Ville de Genève, rappelle qu’il « est indispensable que les communes proches des préoccupations de leurs habitantes et habitants promeuvent la diversité et se positionnent clairement pour l’inclusion des minorités notamment LGBT en soutenant fermement les subventions pour l’important travail effectué par la Fédération et l’ensemble des associations LGBT qui se battent et militent pour défendre les droits des personnes LGBT. » Brigitte Studer, candidate pour Ensemble à gauche en Ville de Genève, indique qu’elle est « en faveur d’un soutien important du Canton et des communes au travail essentiel que fait la Fédération genevoise des associations LGBT contre l’homophobie et la transphobie – à tous les niveaux – prévention, sensibilisation, soutien, lutte contre toute forme de discriminations. J’avais été fière en 2011, c’était une de mes premières interventions au CM -, de proposer un amendement dans le cadre du budget demandant une subvention à la Fédération – et qu’elle avait été acceptée. » Stéphane Valente, candidat MCG à l’exécutif de Vernier, « parce que le taux de suicide chez les jeunes LGBT est un fléau », est en faveur « de toute mesure qui permette de sauver ces vies. » Pascal Altenbach, candidat UDC en Ville de Genève, ne partage pas leur avis : « Les inclinations sexuelles sont du domaine du privé et de l’intime. Ponctionner l’argent des contribuables, c’est admettre que la tolérance ne suit pas un chemin naturel mais que l’on doit forcer artificiellement les citoyens à être tolérants : or ils le sont actuellement. Ce genre d’association doit fonctionner sur le bénévolat et l’initiative personnelle. »
Thierry Apothéloz, candidat PS à l’exécutif de Vernier, répond sur la consultation des associations : « C’est évident ! Comment mettre en œuvre des politiques publiques sans consulter les experts et les personnes concernées. Je n’ai jamais fonctionné ainsi dans mon action politique, car cela n’aurait pas de sens. La légitimité et l’expertise de votre fédération justifient pleinement qu’elle puisse être associée à toute mesure visant à la lutte contre les discriminations basées sur l’orientation sexuelle ou l’identité de genre. » Dominique VUAGNAT, candidat UDC à Onex, n’y est au contraire pas favorable : « Les positions des associations LGBT sont basées sur de faux principes, donc elles sont biaisées à la base. Elles ne peuvent absolument rien apporter de constructif au débat si ce n’est des visions erronées et totalement irréalistes. »
- Institutionnalisation de la prévention de l’homophobie et de la transphobie
Cette question comprenait quatre volets. Le premier porte sur l’élaboration d’actions concrètes portées par un chargé de projets LGBTIQ ou un équivalent au sein des communes ; le deuxième sur des séances de sensibilisation aux questions LGBT au sein des services tels que la police municipale, le travail social hors mur, la petite enfance ou encore le parascolaire ; le troisième sur la prévention de l’homophobie et de la transphobie au sein des structures sportives et culturelles de la commune ; le quatrième sur la mise en place d’actions concrètes pour prévenir l’homophobie et la transphobie au sein des communes en tant que pourvoyeuses d’emploi.
Une large majorité des candidat.e.s est favorable aux quatre volets : 87% pour le 1er ; 85% pour le 2e ; 83% pour le 3e ; idem pour le 4e. Les « sous réserves » proviennent en grande partie de la question du financement, de la taille des communes (préférant des actions intercommunales) ou encore selon les spécificités qui émergent du terrain.
Sandrine Salerno, candidate PS à l’exécutif en Ville de Genève, à l’origine du poste de chargé de projets LGBTIQ au Service Agenda 21-Ville Durable, précise, concernant les actions concrètes, que « c’est d’ailleurs pour cette raison que je souhaite que la Ville de Genève soit active dans la lutte contre les discriminations et que j’ai créé un poste de chargé de projet sur les questions liées à l’orientation sexuelle. » Ariane Arlotti, candidate Ensemble à Gauche en Ville de Genève, y est favorable : « Vous n’êtes pas sans savoir que la Suisse n’est pas en avance concernant les droits de personnes lgbtiq, il suffit de regarder la carte mondiale éditée par l‘ILGA pour s’en rendre compte. Donc oui, la création de ce poste permet d’actionner d’autres leviers pour défendre les droits des personnes lgbtiq en étant clairement inscrit dans une politique locale et internationale (je le souhaite). »
Nathalie Leuenberger, candidate PS à l’exécutif de Meyrin, abonde dans son sens : « La lutte pour l’égalité appelle le plus grand nombre de manifestations de sensibilisation qui soutiennent les droits fondamentaux dans leur ensemble. Orienter un projet concret de promotion de l’égalité sur le critère de l’orientation sexuelle et/ou de l’identité de genre s’inscrit parfaitement dans cette démarche et renforce le message global d’une lutte contre toutes les formes de discrimination, qu’elles soient de nature phobiques et/ou culturelles. » Micaël CHANEZ, Hors Parti, candidat à Troinex, indique que des sensibilisations pourraient l’aider dans la pratique de son métier : « Je suis policier municipal et j’ai affaire à l’ensemble de la population, chaque individus ayant ses spécificités. Il est bon d’avoir une bonne connaissance de ces dernières. »
Laurence CORPATAUX, candidate pour les Verts, Genève, pense « qu’il y a beaucoup de nondits, de peurs, de fantasmes liés au rapprochement des corps dans l’action sportive puis dans les vestiaires. Cela est source de mise à l’écart, de stigmatisation et de violence à l’écart des personnes « LGBT ». Des actions concrètes sont donc importantes pour les prévenir. » Miguel Limpo, candidat pour les Verts à Vernier, abonde : « Oui, il faut lier les subventions à un engagement sans faille des associations en faveur du respect et de l’intégration de toutes et tous. »
Alexandre KRASNOSSELSKI, candidat pour Les Démocrates Chrétiens et Entente Communale à Bardonnex, rappelle que « toute forme de discrimination à l’embauche liée à l’orientation sexuelle devrait être combattue au même titre que toute autre forme de discrimination et la prévention devrait être l’action en première ligne! » Sandrine Salerno, quant à elle, revient sur les actions concrètes pour prévenir l’homophobie et la transphobie au sein des communes en tant qu’employeuses, en rappelant que « la Ville de Genève dans son rôle d’employeur a d’ailleurs, sur ma proposition, débuté des actions de lutte contre l’homophobie et la transphobie au travail. »
Dominique VUAGNAT, candidat UDC à Onex, ne soutient aucun des quatre volets : « Ca n’a absolument aucun sens: la notion d’orientation sexuelle est une aberration en soi: les hommes sont masculins par essence et les femmes féminines de par leur nature; c’est cette différence qui est source de complémentarité et qui fait toute la richesse de l’être humain. Vouloir nier cela c’est juste avilir l’être humain; ça n’a aucun avenir », précisant aussi qu’il faut aider les personnes LGBT « à réaligner leur orientation sexuelle sur leur nature pour qu’ils puissent sortir de cette situation pénible, source de frustrations et de discrimination, et s’épanouir pleinement dans leur état d’homme ou de femme. » Pascal Altenbach, également candidat UDC mais en Ville de Genève, n’y est pas non plus favorable : « Un travail d’information doit certes être fait, mais attention aux dérives comme une police des braguettes. On est dans la sphère privée. Pour le moment la tolérance est grande et elle est normale. Ne jouons pas avec le feu, ne peignons pas le diable sur la muraille. »
- Création d’un Centre d’écoute des victimes d’homophobie et de transphobie
Que pensent les candidat.e.s de la création d’un Centre d’écoute des victimes d’homophobie et de transphobie, à l’image de ce qui se fait avec le Centre d’écoute et d’aide aux victimes du racisme, lequel serait financé par les pouvoirs publics (Etat et communes) et géré par la Fédération ?
68% des candidat.e.s y sont favorables et 25% émettent des réserves, notamment sur le financement ou la gestion d’une telle structure. Beaucoup de candidat.e.s, qui lui reconnaissent une nécessité, seraient favorables à l’insertion des questions d’homophobie et de transphobie dans une structure déjà existante (Centre d’écoute aux victimes du racisme, centre LAVI, etc.).
Catherine Thobellem, candidate Verts en Ville de Genève, soutient une telle structure : « Totalement, il est indispensable que les personnes LGBT qui subissent des discriminations en raison de leurs orientations sexuelles ou de leurs genres aient une structure qui permette de traiter l’urgence et d’être un véritable relais avec les administrations des communes et de l’Etat ». Annick Ecuyer, candidate Ensemble à Gauche en Ville de Genève, souligne que « les personnes victimes d’homophobie, de lesbophobie, de biphobie, et/ou de transphobie ont peu de moyens de défense légaux, et leur situation parfois dramatique n’est que trop rarement reconnue par l’Etat (l’identité de genre est omise des lois contre les violences et les discriminations, les femmes trans* et les hommes gays subissant un viol n’ont pas d’espoir de justice). »
- Précarité des personnes trans*
Les personnes trans* font face à une précarité sociale et professionnelle particulièrement grave: la transphobie est en effet très présente lors des entretiens ou en cours d’emploi; de nombreuses personnes trans* se trouvent à la rue. La question 4 porte sur la mise en place d’actions spécifiques pour lutter contre cette précarité.
68% des candidat.e.s y sont favorables et 22% le sont sous réserves, notamment sur la question de la taille des communes et les éventuelles actions intercommunales ou encore cantonales pour lutter contre cette précarité. D’autres y sont favorables mais pas de manière spécifique, indiquant qu’il ne faut pas faire de hiérarchie des précarités et ne comprenant pas forcément la nécessité de mettre en place des actions spécifiques.
Annick Ecuyer, candidate Ensemble à gauche en Ville de Genève, souligne et explique que « la précarité sociale est dramatique, et les refuges discriminent trop souvent les personnes LGBT, voire les maltraitent (en plaçant une femme trans* dans un environnement non-mixte masculin par exemple). Si la création du Refuge[1] est une excellente chose, il ne concerne que les personnes jeunes. Des actions et des projets spécifiques restent indispensables. » Jean-Charles LATHION, candidat PDC en Ville de Genève, est favorable à de telles actions, « une nécessité face au désespoir d’êtres humains abandonnés trop souvent par leur famille et les institutions. » Joël Jousson, candidat Veyrier Ensemble à Veyrier, émet une réserve à sa réponse favorable : « Les personnes trans qui ne s’affichent pas de façon ostentatoire par défi ou provocation doivent pouvoir accéder à tout type d’emploi. Ma réserve est envers les professions liées à la petite enfance.»
La Fédération genevoise des associations LGBT et ses associations membres ne manqueront pas d’être attentives et de contribuer à la mise en œuvre de ces pistes d’actions suite aux élections.
Parmi les candidat.e.s à l’exécutif, la Fédération genevoise des associations LGBT tient également à rappeler que, par leurs actions politiques ou leur visibilité, les candidat.e.s suivant.e.s ont déjà activement contribué à faire avancer les questions LGBT.
Esther Alder, candidate pour les Verts en Ville de Genève et actuellement en charge du Département de la Cohésion sociale et de la Solidarité, soutient activement la Fédération et ses associations membres. En termes de projets plus spécifiques, elle soutient activement le projet Totem, jeunes LGBT et a également soutenu la journée de Suivi des premières assises et les assises « La diversité au travail : un enrichissement mutuel ». Au travers de sa politique de la Petite Enfance et de la Jeunesse, elle s’est engagée contre les discriminations liées à l’orientation sexuelle ou à l’identité de genre, plus particulièrement en lien avec les familles arc-en-ciel et les jeunes LGBT. Sami Kanaan, candidat pour le PS en Ville de Genève et actuellement en charge du Département de la Culture et du Sport, soutient également activement la Fédération et ses projets. Il est intervenu lors de la journée de Suivi des assises et a soutenu aussi bien la journée de Suivi des assises que les assises « La diversité au travail : un enrichissement mutuel ». Sandrine Salerno, candidate pour le PS en Ville de Genève et actuellement en charge du Département des Finances et du Logement, soutient également activement la Fédération, ses projets et les associations membres de la Fédération. Présente aux Premières assises, à la journée de Suivi et aux assises « La diversité au travail : un enrichissement mutuel », elle est notamment à l’origine de la création du poste de chargé de projets LGBTIQ rattaché au Service Agenda 21-Ville Durable. A travers ce poste, une réelle politique de diversité et d’inclusion est mise en place en Ville de Genève, en collaboration avec les différents départements de la Ville. Thierry Apothéloz, candidat PS pour Vernier et actuellement Maire de Vernier, est l’un des premiers hommes politiques à avoir fait publiquement son coming-out et ainsi avoir contribué a une meilleure visibilité des personnes LGBT, une visibilité très importante, notamment pour les jeunes, qui peuvent ainsi se rendre compte qu’il est possible d’occuper des postes à hautes responsabilités en étant soi-même.
Téléchargez également le communiqué de presse envoyé suite aux résultats du questionnaire: