Programme d’actions de formation et de sensibilisation
La Fédération est mandatée par le Département de l’Instruction publique, de la Formation et de la Jeunesse du Canton de Genève pour la mise en place d’un programme d’actions de formation et de sensibilisation contre l’homophobie et la transphobie en milieu scolaire. Ce programme se fait en partenariat avec le DIP, le Service Santé de l’Enfance et de la Jeunesse et les établissements scolaires.
Ce programme est géré par le Groupe de Travail Education (GT Education) de la Fédération, composé de Caroline Dayer, Chatty Ecoffey et Delphine Roux. Pour tout renseignement sur ce programme, vous pouvez nous contacter :
ecoles@federationlgbt-geneve.ch – 076 437 84 14
Durant l’année scolaire 2022/2023 en particulier, 257 professionel-les de l’éducation (enseignant-es, équipe MPS et personnel de l’établissement) ont été formé-es ou sensibilisé-es et 3168 élèves ont été sensibilisé-es, tout degré scolaire confondu, grâce aux diverses actions menées au sein des écoles.
Pourquoi parler de ces questions à l’école ?
Les jeunes LGBT face à l’homophobie, la lesbophobie, la biphobie et la transphobie et le silence
De nombreux jeunes lesbiennes, gay, bisexuel•le•s et trans* (LGBT) ont encore à faire face à l’homophobie, de la lesbophobie, de la biphobie et à la transphobie (LGBT-phobies) dans les cadres scolaire, social et familial, lors d’activités sportives et de loisirs et sur les réseaux sociaux. Violences verbales et physiques, mises à l’écart, insultes, prédominance de l’hétérosexisme, invisibilité et sentiment d’inadéquation avec la société : les LGBT-phobies ont des conséquences néfastes sur leur santé, leur parcours scolaire et leur parcours de vie. Si elles/ils sont victimes de LGBT-phobies dans le cadre scolaire, elles/ils n’ont pas, ou rarement, la possibilité de se tourner vers leur famille ou leurs ami.e.s pour trouver du soutien, contrairement à la majorité des jeunes victimes de discriminations qui peuvent partager l’expérience de leur discrimination avec leur famille.
Les données des enquêtes Santé Gaie menées par l’association Dialogai et l’Université de Zurich et de l’enquête “La santé des femmes qui aiment les femmes” de PROFA montrent que :
- le risque de tentatives de suicide est 2 à 5 fois plus élevé chez les jeunes gays et bisexuels et 2 à 4 fois plus élevé chez les jeunes lesbiennes et bisexuelles que chez les jeunes hétérosexuel.le.s
- 50% des tentatives de suicide de ces jeunes se produisent avant qu’ils/elles n’atteignent l’âge de 20 ans, les ¾ avant l’âge de 25 ans
- 50% des jeunes gays, lesbiennes et bisexuel•le•s de moins de 25 ans disent avoir été victimes, au cours des 12 derniers mois, d’au moins une forme de violence (agressions verbales et physiques, harcèlement sexuel)
Selon l’étude américaine « Suicide Attempts among Transgender and Gender Non-Conforming Adults », publiée par l’UCLA Law School et l’American Foundation for Suicide Prevention :
- Les personnes trans* ont jusqu’à 10x plus de risque de faire une tentative de suicide
- 40% à 45% des personnes trans* ont fait au moins une tentative de suicide dans leur vie
- Le taux des jeunes trans* faisant une tentative de suicide après avoir subi de la transphobie en milieu scolaire monte à 50% pour ceux qui subissent du harcèlement, 63% pour ceux qui ont subi des agressions physiques, et à 73% pour ceux qui ont subi des agressions sexuelles
Discriminations et violences en milieu scolaire
Les études internationales et les constats faits à Genève montrent que :
- 69% des élèves LGB ou qui se questionnent ont été la cible d’homophobie, de biphobie ou de lesbophobie en milieu scolaire
- 89% des élèves trans* ont été injurié.e.s à l’école, 55% physiquement harcelé.e.s
Ainsi, les jeunes LGBT ont plus de risques que les jeunes hétérosexuel.le.s d’évoluer dans un environnement scolaire hostile et instable.
Cependant, les LGBT-phobies peuvent également affecter tout.e élève dont l’expression de genre ne se superpose pas aux normes genrées très codifiées ou dont la conduite pourra être perçue comme différente, par exemple un garçon jugé trop efféminé qui prend des cours de danse ou une fille jugée trop masculine qui joue au foot.
Les élèves peuvent aussi grandir dans une famille arc-en-ciel, c’est à dire une famille où au moins l’un des parents se définit comme LGBT. L’identité des jeunes enfants est étroitement liée à celle de leur famille ; c’est donc eux-mêmes/elles-mêmes qui risquent de se percevoir comme « non corrects » s’ils/si elles subissent des propos dénigrant leur famille ou s’ils/si elles subissent de l’homophobie ou de la transphobie par procuration. Les enfants de familles arc-en-ciel découvrent en outre que le modèle familial « père, mère, enfant » prévaut dans les manuels scolaires et la littérature jeunesse alors que leur propre réalité quotidienne n’est guère représentée. Le silence et l’invisibilité a un effet négatif sur ces enfants.
Enfin, les élèves peuvent avoir dans leur entourage proche (oncle/tante, cousin/cousine, ami.e, etc.) une personne qui se définit comme LGBT et peuvent également être affecté.e.s par les discriminations et violences LGBT-phobes.
Les études et les constats faits à Genève montrent que :
- 1/3 des élèves qui se définissent comme hétérosexuel.le.s ont été la cible de LGBT-phobies
- 91% des élèves européen•ne•s ont été la cible de commentaires ou de conduites négatives LGBT-phobes ou ont été témoins de commentaires ou de conduites négatives envers un•e élève LGBT ou perçu•e comme étant LGBT
Les manifestations de LGBT-phobies en milieu scolaire ont des conséquences graves sur le parcours scolaire des jeunes LGBT: absentéisme, décrochage scolaire, échec scolaire, changement fréquent d’établissement.
Les études québécoises et les constats faits à Genève montrent en outre que les professionnel.le.s entourant les élèves interviennent peu, ou pas du tout, par ignorance ou par manque d’outils et de moyens, lorsqu’elles/ils assistent à de la violence LGBT-phobe dans leur établissement scolaire. Ils/elles n’ont parfois pas conscience de ces discriminations. Les jeunes ne se sentent ni respecté.e.s ni inclus.e.s à l’école et encore moins en sécurité lorsqu’un.e professionnel.le de l’établissement tolère des manifestations LGBT-phobes sans intervenir ou lorsqu’il/elle est la source de ces manifestations.
Climat d’éducation et égalité des chances
Les LGBT-phobies et l’hétérosexisme et leurs conséquences en milieu scolaire constituent ainsi un réel problème d’égalité d’accès à l’éducation et un problème de santé publique dont il est nécessaire de prendre la mesure et contre lequel il est nécessaire d’agir.
La prévention de l’homophobie, de la lesbophobie, de la biphobie et de la transphobie s’inscrit dans un contexte plus général de lutte contre les discriminations, d’apprentissage du mieux vivre-ensemble et d’éducation citoyenne. En effet, aménager un climat d’éducation et un quotidien exempts d’homophobie, de transphobie et d’hétérosexisme avec l’aide de toutes les actrices et acteurs du monde de l’éducation, est bénéfique pour l’ensemble des élèves, indépendamment de leur orientation sexuelle, de leur identité de genre ou de leur structure familiale.