Des études récentes, en France, au Canada et essentiellement, ont mis en évidence les difficultés et les discriminations auxquelles les personnes LGBT sont confrontées dans le monde du travail.
En France, l’association nationale l’Autre Cercle a publié en 2011 des chiffres qui soulignent le manque de visibilité des personnes LGBT au travail. Selon cette enquête, 67% des personnes interrogées ne souhaitent pas faire leur coming-out au travail, par peur des conséquences négatives. Faire son coming-out au travail implique encore trop souvent d’avoir à faire face à de l’homophobie et/ou de la transphobie qui se manifestent à travers des insultes, des stagnations de poste, des pertes de responsabilités, du mobbing, voire des licenciements. Ainsi, selon le climat professionnel qui les entoure, face à la peur d’être discriminé.e.s ou face aux discriminations, les employé.e.s LGBT doivent adopter des stratégies d’anticipation ou d’adaptation qui sont sources de stress, avec une incidence évidente sur le bien-être et la motivation au travail.
Des témoignages recueillis par la Fédération dévoilent ces difficultés. Certain.e.s sont amené.e.s à s’inventer un.e conjoint.e du sexe opposé, voire à ne pas pouvoir parler de leur famille arc-en-ciel. D’autres se sont vu.e.s refuser la reconnaissance de leur partenariat enregistré, malgré la loi. Une femme ne s’est pas vue confier des dossiers avec des responsabilités plus importantes. Sa supérieure hiérarchique évoquait pour motif que son « look lesbo » n’était pas assez féminin, allant même jusqu’à dire « Vous êtes une femme, n’est-ce pas ? Confirmez-le-moi !».
Les résultats préliminaires de l’étude « Etre LGBT au travail », étude nationale suisse réalisée par l’Institut des Etudes Genre de l’Université de Genève et la Fédération genevoise des associations LGBT auprès de 1132 répondant.e.s, furent présentés lors des assises « La diversité au travail : un enrichissement mutuel », mettant en évidence les quotidiens professionnels difficiles des personnes LGBT. Ainsi, 70% des personnes ayant participé à l’étude ont subi des discriminations indirectes sous formes d’insultes ou de blagues. Les discriminations directes se manifestent sous formes d’outing pour près de 22% des répondant.e.s LGB et 40% pour les trans*; de mise en doute des compétences professionnelles pour près de 17% des répondant.e.s LGB et 29% des trans* ; et de mise à l’écart de projets intéressants pour près de 10% des répondant.e.s LGB et 32% des trans*. « Les personnes trans* sont touchées de plein fouet par les discriminations, encore d’avantage que les employé.e.s LGB, » a indiqué Lorena Parini, Maître d’enseignement et de recherche à l’Université de Genève, qui a conduit l’étude et présenté les résultats lors des assises.
Dans ces conditions, la qualité du travail et des relations professionnelles, en conséquence, s’en ressentent, pour les employé.e.s : stress, anxiété, basse estime de soi, distraction au travail, taux d’absentéisme plus élevé, changement plus fréquent de poste, absence aux événements sociaux et aux rencontres entre collègues organisés dans le cadre de l’entreprise, etc.
Face à cette homophobie et cette transphobie encore trop présentes, les deux journées d’assises intitulées « La diversité au travail : un enrichissement mutuel » ont eu pour buts de définir ensemble les enjeux des questions LGBT au travail. A travers des témoignages, des tables rondes, des ateliers et des plénières, les deux journées de conférence permirent de sensibiliser les entreprises, les ONGs et les institutions publiques à aménager un climat et un lieu de travail ouvert à toutes et à tous. Un recensement des bonnes pratiques, ici ou ailleurs, déjà en place, fut également présenté. Au terme de ces deux journées, des pistes d’actions concrètes furent dégagées, en collaboration avec tout.e.s les actrices et acteurs présent.e.s.