Les jeunes LGBTIQ+ face à l’homophobie, la lesbophobie, la biphobie et la transphobie et face au silence
De nombreux jeunes lesbiennes, gay, bisexuel-les, trans*, intersexes et queer (LGBTIQ+) ont encore à faire face à des discriminations et violences en raison de leur orientation sexuelle et/ou affective ou de leur identité de genre dans les cadres scolaire, social et familial, lors d’activités sportives et de loisirs et sur les réseaux sociaux. Violences verbales et physiques, mises à l’écart, insultes, prédominance de l’hétérosexisme, invisibilité et sentiment d’inadéquation avec la société : ces violences et ces discriminations ont des conséquences néfastes sur leur santé, leur parcours scolaire et leur parcours de vie.
Les études montrent que les jeunes LGBTIQ+ ont davantage de risques (jusqu’à 10x plus de risque pour un-e jeune trans*) de faire une tentative de suicide que le reste de la population jeune en Suisse, à cause de discriminations ou violences vécues ou de la peur de celles-ci.[1]
L’école demeure un des bastions de l’homophobie, de la biphobie et de la transphobie. Le physique est la première source de discrimination dans les écoles genevoises, indique une étude récente du Service de Recherche en Education (SRED), suivi de l’orientation sexuelle – tout degré scolaire confondus. Les élèves dont l’orientation affective et sexuelle n’est pas exclusivement hétérosexuelle sont davantage la cible de harcèlement entre élèves que leurs camarades. Le risque est 5 fois plus élevé.
89% des élèves trans* ont été injurié-es à l’école, 55% physiquement harcelé-es. 91% des élèves européen-nes ont été la cible de commentaires ou de conduites négatives LGBTIQ-phobes ou ont été témoins de commentaires ou de conduites négatives envers un-e élève LGBTIQ+ ou perçu-e comme étant LGBTIQ+.
Les discriminations et les violences homophobes, biphobes et transphobes en contexte scolaire ont des conséquences graves sur le parcours scolaire des jeunes LGBTIQ+: absentéisme, décrochage scolaire, échec scolaire, changement fréquent d’établissement.
Si ces jeunes sont victimes de violences ou et de discriminations dans le cadre scolaire, elleux n’ont pas, ou rarement, la possibilité de se tourner vers leur famille ou leurs ami-e-s pour trouver du soutien, contrairement à la majorité des jeunes victimes de discriminations qui peuvent partager l’expérience de leur discrimination avec leur famille.
[1] A Genève, un jeune sur sept a des idées suicidaires – HUG
Résultats des recherches | Projet santé gaie (santegaie.ch)
Suicide Thoughts and Attempts Among Transgender Adults – Williams Institute (ucla.edu)
Grandir dans une famille arc-en-ciel ou en-dehors des normes de genre
Cependant, ces violences et discriminations peuvent également affecter tout-e élève dont l’expression de genre ne correspond pas aux normes genrées très codifiées ou dont la conduite pourra être perçue comme différente, par exemple un garçon jugé trop efféminé qui prend des cours de danse ou une fille jugée trop masculine qui joue au foot.
Les élèves peuvent aussi grandir dans une famille arc-en-ciel, c’est à dire une famille où au moins l’un des parents se définit comme LGBTIQ+. L’identité des jeunes enfants est étroitement liée à celle de leur famille ; c’est donc elleux-mêmes qui risquent de se percevoir comme « non corrects » si elleux subissent des propos dénigrant leur famille ou si elleux subissent de l’homophobie ou de la transphobie par procuration. Les enfants de familles arc-en-ciel découvrent en outre que le modèle familial « père, mère, enfant » prévaut dans les manuels scolaires et la littérature jeunesse alors que leur propre réalité quotidienne n’est guère représentée. Le silence et l’invisibilité a un effet négatif sur ces enfants.
Enfin, les élèves peuvent avoir dans leur entourage proche (oncle/tante, frère/sœur, ami-e, etc.) une personne qui se définit comme LGBTIQ+ et peuvent également être affecté-es par les discriminations et violences.
Climat d’éducation et égalité des chances
Les professionnel-les entourant les élèves interviennent peu, ou pas du tout, par ignorance ou par manque d’outils et de moyens, lorsqu’elleux assistent à de la violence LGBTIQ-phobe dans leur établissement scolaire. Elleux n’ont parfois pas conscience de ces discriminations. Les jeunes ne se sentent ni respecté-es ni inclus-es à l’école et encore moins en sécurité lorsqu’un-e professionnel-le de l’établissement tolère des manifestations LGBTIQ-phobes sans intervenir ou lorsqu’il/elle est la source de ces manifestations.
Ces discriminations et violences constituent ainsi un réel problème d’égalité d’accès à l’éducation et un problème de santé publique dont il est nécessaire de prendre la mesure et contre lequel il est nécessaire d’agir.
La prévention de l’homophobie, de la lesbophobie, de la biphobie et de la transphobie s’inscrit dans un contexte plus général de lutte contre les discriminations, d’apprentissage du mieux vivre-ensemble et d’éducation citoyenne. En effet, aménager un climat d’éducation et un quotidien exempts d’homophobie, de transphobie et d’hétérosexisme avec l’aide de toutes les actrices et acteurs du monde de l’éducation, est bénéfique pour l’ensemble des élèves, indépendamment de leur orientation sexuelle, de leur identité de genre ou de leur structure familiale.