« Il est primordial [pour la Ville de Genève] que toute forme de discrimination homophobe ou transphobe soit combattue, et que l’égalité de tout.e cityoen.ne, indépendamment de son orientation sexuelle ou de son identité de genre, soit assurée. »
La Journée internationale de lutte contre l’homophobie et la transphobie du 17 mai est l’occasion pour la Ville de Genève de sensibiliser les Genevois et les Genevoises aux discriminations en lien avec l’orientation sexuelle et l’identité de genre et de valoriser l’action des associations dans ce domaine. La campagne 2015, proposée par le Service Agenda 21 – Ville durable et ses partenaires associatifs, Totem (Fédération genevoise des associations LGBT) et le Refuge Genève (Dialogai), met l’accent sur une population particulièrement vulnérable: les jeunes.
Lundi 18 mai à 19h a eu lieu la soirée de lancement de la campagne d’affichage « (ré)agissons ! » à la Maison de Quartier des Pâquis.
Visible du 11 au 27 mai 2015 dans les rues de la Ville de Genève, la campagne «(ré)agissons!» « invite les Genevois et les Genevoises à réagir face aux insultes et aux discriminations qui touchent les jeunes LGBT, et à adopter un discours positif sur l’homosexualité et la transidentité », a évoqué Etienne Lezat, adjoint de direction au Service Agenda 21-Ville Durable, Département des Finances et du Logement de la Ville de Genève. Il a rappelé que les jeunes sont particulièrement exposé.e.s aux insultes et aux actes homophobes et transphobes. Un.e jeune LGBT sur deux a ainsi déjà subi au moins une agression physique ou verbale au cours des six derniers mois montre l’étude 2011 « Santé Gaie » de Dialogai et de l’Université de Zurich). Outre une incitation à tout.e un.e chacun.e (parents, ami.e.s, animateur/animatrice sportif/sportive ou socio-culturel.le, etc.) à (ré)agir face à l’homophobie et la transphobie, la campagne a également pour but de visibiliser les ressources existantes pour les jeunes, celles de Totem et du Refuge Genève.
Ouvrant la soirée aux côtés de Lorena Parini et de Didier Bonny, co-président.e.s de la Fédération, Etienne Lezat a rappelé l’implication de la Ville de Genève, « pour laquelle il est primordial que toute forme de discrimination homophobe ou transphobe soit combattue, et que l’égalité de tout.e cityoen.ne, indépendamment de son orientation sexuelle ou de son identité de genre soit assurée. »
Depuis les Premières assises contre l’homophobie à Genève en 2009, cette implication s’est concrétisée à travers notamment la création du poste de chargé de projets LGBTIQ au Service Agenda 21-Ville Durable, la campagne d’affichage annuelle contre l’homophobie ou la transphobie à l’occasion du 17 mai, la brochure d’informations Familles arc-en-ciel ou encore le soutien aux projets tels que Totem ou le Refuge Genève.
Lorena Parini et Didier Bonny ont rappelé dans leur discours d’ouverture l’importance d’ancrer cette soirée dans l’action de terrain, auprès d’un des publics cibles de la campagne, dans une dimension particulièrement symbolique : elle et il ont ainsi adressé, au nom des organisatrices et organisateurs de la soirée, leurs vifs remerciements à la Maison de Quartier des Pâquis. Il et elle ont également remercié toutes les personnes qui, de près ou de loin, ont contribué à la campagne et à sa soirée de lancement.
Une table ronde a fait suite aux discours d’ouverture. Axée sur la prévention de l’homophobie et de la transphobie auprès des jeunes et l’accueil des jeunes LGBT, au sein des structures d’animation socioculturelle et animée par Caroline Dayer, chercheuse et enseignante à l’Université de Genève, elle a réuni:
- Claudio Deuel, chef du Service de la Jeunesse, Département de la Cohésion sociale et de la Solidarité, Ville de Genève
- Sandra Rossier, représentante de la Fondation genevoise pour l’animation socioculturelle
- Alexiane Yannacopoulos, animatrice de Totem, jeunes LGBT
- Alexia Scappaticci, coordinatrice du Refuge Genève
A l’invitation de Caroline Dayer, les quatre participant.e.s ont présenté au public leurs structures respectives et ont décrit de quelles manières celles-ci s’impliquent dans la prévention de l’homophobie et de la transphobie.
Totem, jeunes LGBT
Ouvrant la table ronde, Alexiane Yannacopoulos a présenté Totem, jeunes LGBT, dont elle est animatrice aux côtés de sept autres animateurs et animatrices volontaires. Projet de la Fédération depuis 2008, Totem est un groupe d’accueil, de soutien et de rencontre pour les jeunes LGBT et leurs ami.e.s jusqu’à 25 ans. Un groupe d’appui soutient le projet, composé de délégué.e.s des associations membres de la Fédération. Une coordinatrice, Delphine Roux, gère le projet.
Totem se retrouve les 2e et 4e mardis du mois à la Maison Verte (Place des Grottes) de 18h30 à 21h30, un espace hors associations LGBT voulu comme tel car « passer la porte d’une association LGBT, c’est déjà s’identifier comme LGBT, alors que beaucoup de jeunes qui viennent à Totem pour la première fois sont encore en questionnement ou ne souhaitent pas se définir au travers d’une étiquette », rappelle Alexiane Yannacopoulos. « La première étape pour les jeunes est de franchir la porte de Totem, ce qui peut prendre du temps pour certain.e.s, parfois jusqu’à trois soirées de suite passées sur la place des Grottes. L’équipe d’animation est évidemment attentive et un ou une animateur/animatrice, voire un.e jeune, sortira pour accompagner et discuter le/la jeune. » Les soirées bi-mensuelles autour d’un repas, de jeux ou encore autour d’une thématique avec un.e invité.e, telle une soirée sur les questions trans*, sur le coming-out aux parents ou sur la prévention VIH et IST, permettent d’échanger et de rencontrer d’autres jeunes qui vivent la même chose, et de discuter plus longuement individuellement ou en groupe avec les animateurs/animatrices présent.e.s. « Cette dynamique de groupe, toujours bienveillante, c’est ce qu’il y a de fort à Totem, avec des échanges de jeunes à jeunes, d’animateurs/animatrices à jeunes et de vice-versa », a souligné Alexiane Yannacopoulous. Si le besoin ou l’urgence se fait ressentir, les animateurs/animatrices peuvent être amené.e.s à rediriger un.e jeune vers le réseau LGBT, scolaire, socio-culturel ou psycho-médical genevois. L’équipe d’animation est en outre formée chaque année ; en 2013, ils et elles ont été formé.e.s aux questions de suicidalité chez les jeunes.
« En moyenne, 15 jeunes viennent lors des soirées bi-mensuelles, avec sans cesse de nouvelles têtes et beaucoup de jeunes d’autres cantons romands. Des sorties plus longues en extérieur, par exemple lors d’une autre soirée ou lors d’une journée, ont lieu quelques fois par an. Nos jeunes sont pro-actifs/pro-actives et participent pleinement aux choix des thèmes des soirées, mais également aux projets et partenariats de Totem. Ils et elles ont ainsi tout récemment participé à la création de sets de table de Dialogai pour l’IDAHOT avec ONU-SIDA. »
Totem a contribué à la soirée de lancement de la campagne à travers une série de témoignages et leurs créations.
Cette soirée n’aurait pu se faire sans les jeunes, un grand merci à elles et eux.
Totem, jeunes LGBT
www.totemjeunes.ch – info@totemjeunes.ch – 076 437 84 14
Le Refuge Genève
Alexia Scappaticci a présenté la nouvelle structure de Dialogai, le Refuge Genève. Celle-ci offre un hébergement d’urgence de 3 à 6 mois pour les jeunes de 18 à 25 ans en rupture familiale. « L’incompréhension de l’entourage face aux jeunes LGBT peut générer, aujourd’hui encore, des situations de rejet – de la rupture sociale à l’exclusion familiale – qui engendrent de grandes souffrances. Face à l’isolement et la perte de repères, le jeune peut glisser vers des conduites à risques, la dépression ou le suicide », a rappelé Alexia Scappaticci. La structure du Refuge Genève a donc encore malheureusement tout son sens, offrant un toit et un accompagnement aux jeunes qui se retrouvent à la rue suite à leur coming-out. « Les jeunes pourront rester de 3 à 6 mois selon leurs besoins. Nous leur offrons un accompagnement individuel avec un suivi socio-éducatif. Nous aidons également à renouer les liens avec la famille si ils et elles le souhaitent. » Des jeunes ont déjà pris contact avec le Refuge Genève.
Ce suivi socio-éducatif est également offert à tout.e jeune qui en ressent le besoin lors de l’accueil gratuit en journée, « l’idée étant de pouvoir travailler en amont avec l’entourage, avant qu’un.e jeune ne se retrouve en situation de rupture scolaire, familiale ou sociale, et de pouvoir rattacher les wagons », indique Alexia Scappaticci. Le travail avec le réseau socio-culturel, scolaire et psycho-médical et l’entourage familial, est donc essentiel à une prise en charge globale et optimale de ces jeunes en difficulté.
La structure est gérée par une coordinatrice et éducatrice spécialisée en la personne d’Alexia. Elle sera bientôt secondée d’un.e animateur/ animatrice socio-culturel.le qui animera l’accueil de jour. Des volontaires assureront les permanences de soir et de weekend. Le Refuge Genève est ouvert du mardi au vendredi de 10h à 18h à la Rue de la Navigation 11-13 aux Pâquis.
Le Refuge Genève
http://www.dialogai.org/refuge-geneve/ – alexia@dialogai.org – 022 906 40 35
Fondation genevoise pour l’animation socio-culturelle
Sandra Rossier, animatrice socio-culturelle, a présenté la Fondation genevoise pour l’animation socio-culturelle (FASe) et son travail de prévention de l’homophobie et de la transphobie. La FASe réunit les centres de loisirs, les maisons de quartier, les terrains d’aventure et jardins Robinson du canton de Genève et elle coordonne également les équipes de travail social hors murs (TSHM) présentes dans 39 des communes genevoises. Les TSHM de la Ville de Genève sont cependant géré.e.s par le Service de la Jeunesse de la Ville. De nombreuses ramifications entre le Service de la Jeunesse de la Ville de Genève et la FASe ont donc lieu.
« Un.e jeune qui vient dans une maison de quartier y vient en libre adhésion : il et elle n’est pas que « bénéficiaire » mais il/elle participe également aux actions proposées en toute conscience », explique Sandra Rossier. « Chacun.e est accueilli.e tel.le qu’il/elle est. Nous travaillons sur l’acceptation de la différence, sur la valorisation des apports de la diversité, qu’elle soit culturelle, inter-générationnelle, LGBT, etc., sur l’égalité filles-garçons, Nous luttons donc contre l’homophobie et la transphobie ; cela fait partie d’une des priorités de la FASe. Il s’agit d’ouvrir des espaces de parole autour de ces thématiques, de permettre de créer des échanges et des discussions, aussi bien avec les jeunes qu’au sein des équipes. »
Avec les 6-8 ans, le thème « Une fille, un garçon, tous humains » devient par exemple thème de la semaine, avec des activités prévues autour du thème, notamment sur les jouets dits de filles ou dits de garçons. Sandra Rossier revient également sur une anecdote rencontrée sur le terrain: « Un jeune adolescent de 13-14 ans ne cessait de dire que ‘Les pédés, ce n’est pas normal’. J’ai travaillé avec lui autour de ce qui serait normal ou pas normal, montrant que la norme dépend d’où on se place. Une fête a été organisée pour célébrer le partenariat d’un couple de femmes et j’ai invité cet ado à y servir des crêpes. Il a regardé autour de lui et vu tous ces couples de même sexe invités à la fête et il m’a dit, ‘Ici, ce sont les hétéros qui ont l’air anormaux‘. » Créer un espace de parole et l’amener à participer à la fête a permis de déconstruire ces préjugés. « A 18 ans, il est revenu me voir. Il m’a remerciée et m’a dit qu’il avait pu faire son coming-out à son père. »
Depuis la participation de la FASe aux Premières assises contre l’homophobie en 2009, des formations régulières des professionnel.le.s de la FASe à la prévention de l’homophobie et de la transphobie ont eu lieu. Sandra Rossier conclut en rappelant qu’il est essentiel de communiquer et de dialoguer autour des questions LGBT ; connaître le réseau existant pour savoir rediriger, le cas échéant, l’est tout autant.
Service de la Jeunesse, Département de la Cohésion sociale et de la Solidarité, Ville de Genève
Claudio Deuel, chef du Service de la Jeunesse, Département de la Cohésion sociale et de la Solidarité, Ville de Genève, a présenté les liens de son service avec la FASe : les quinze maisons de quartier et centres de loisirs ainsi que travail social hors mur de la Ville de Genève sont rattachés conjointement à la FASe et au Service de la Jeunesse. A travers ce double ancrage Ville-FASe, la prévention de l’homophobie et de la transphobie fait partie des priorités des structures liées au Service.
Claudio Deuel rappelle qu’un gros travail doit se faire afin de favoriser la mixité notamment au skatepark de Plainpalais, où skatent une fille versus huit garçons, ainsi que sur le langage, car les « sales pédés » sont courants. Il souligne en outre, tout comme les autres intervenantes de la table ronde, qu’une bonne connaissance du réseau est extrêmement importante, plus particulièrement pour le travail social hors murs, et rappelle que « les associations sont régulièrement invitées à venir se présenter au Service de la Jeunesse, car leurs actions et prestations sont complémentaires au travail de notre Service. »
http://www.ville-geneve.ch/plan-ville/administration-municipale/service-jeunesse/
Un apéritif offert par la Ville de Genève a clos la soirée.