Les formulaires BDS du Département de l’Instruction Publique servent à récolter des informations sur l’élève et son environnement familial pour répondre à des besoins administratifs, de planification et de recherche en éducation. Ces formulaires ont été longtemps peu, voire pas inclusifs de la diversité familiale, ne figurant que les cases «père» et «mère», deux parents de même sexe ne pouvant pas, en conséquence, s’y inscrire comme étant parents d’un enfant. Ainsi, la seule possibilité pour le parent non-statutaire dans un couple homoparental était de figurer dans la case «Logeur/euse si pas la mère, père ou responsable légal/e», ce qui posait bien évidemment problème, surtout pour les enfants en âge de savoir lire et rapportant eux-mêmes le formulaire à la maison. En outre, ces cases «père» et «mère» ne reflètent pas suffisamment la diversité familiale actuelle (familles monoparentale ; recomposée; arc-en-ciel, etc.)
Depuis 2013, un travail de modification de ces formulaires a été entrepris avec le Département de l’Instruction Publique, le groupe Homoparents de 360 et la Fédération genevoise des associations LGBT afin de les rendre inclusifs. A la rentrée scolaire 2016-2017, ces formulaires ont été changés et permettent à deux parents de même sexe de s’inscrire pleinement sur le formulaire. Ils permettent ainsi aussi de récolter des informations correctes liées à la structure familiale de l’enfant.
Pionniers, ces changements montrent que le Département de l’Instruction Publique de Genève anticipe ainsi les changements juridiques qui permettront bientôt l’adoption de l’enfant du/de la partenaire dans un couple de même sexe et, surtout, que le DIP a à cœur de reconnaître toute la diversité familiale actuelle, y compris les familles arc-en-ciel, et de mettre toutes les familles sur un pied d’égalité. Ces changements s’inscrivent d’ailleurs dans un programme plus général d’actions de formation et de sensibilisation contre l’homophobie et la transphobie en milieu scolaire au sein du DIP et délégué à la Fédération genevoise des associations LGBT. Des sensibilisations et des formations des professionnel.le.s de l’éducation au sujet des familles arc-en-ciel notamment ont régulièrement lieu, données par le groupe Homoparents de 360, ainsi que sur le reste des thématiques liées aux questions LGBT.
Une famille arc-en-ciel témoigne :
«Peut-être que cela a pu paraître anodin de se battre pour des formulaires inclusifs, mais la reconnaissance par une administration publique des familles qui ne correspondent pas aux schémas traditionnels a en réalité toute son importance. Le formulaire scolaire correspond à l’une des premières confrontations que les familles arc-en-ciel ont avec une administration publique, et il est important qu’elles se sentent respectées, accueillies, par une institution aussi importante que l’école. Pour les parents, ce formulaire, c’est la première étape du parcours scolaire de leur enfant, lequel, pas sa situation spécifique, peut se retrouver dans des situations jugeantes, voire ostracisantes. Ces situations jugeantes ne se déroulent pas seulement dans les préaux, mais aussi en classe. Pour l’anecdote, une prof de 7P a bombardé notre fils de 11 ans de questions sur ce « père absent ». Le fait que l’institution pose d’emblée un cadre inclusif n’est donc pas anodin. La reconnaissance des familles arc-en-ciel passent aussi par ce vécu de paperasserie administrative. A défaut d’une reconnaissance légale jusqu’ici – même si on y est presque – chaque formulaire inclusif est un bout de reconnaissance par l’Etat.» Notre fils, 11 ans: «Je suis très content que ce formulaire reconnaisse mes deux mamans, cela peut faciliter les choses à l’école. Mes copains savent que j’ai deux mamans, mais là, c’est vraiment marqué sur une feuille».