Jean-Claude Roger Mbede, symbole de la lutte homosexuelle au Cameroun, est décédé dans des conditions suspectes après sa libération. Il avait été emprisonné pour avoir déclaré son amour à un homme par SMS.
Saskia Ditisheim et Alice Nkom, avocates et défenseuses infatigables des victimes d’homophobie au Cameroun, dénoncent dans le communiqué de presse ci-dessous la mort suspecte de Jean-Claude Roger Mbede et les menaces et les appels à la haine au Cameroun.
Ajoutez votre nom à la veillée virtuelle pour rendre hommage à Roger Mbede et dénoncer les lois homophobes camerounaises.
Communiqué de presse
Avocats Sans Frontières Suisse et ADEFHO ont la tristesse infinie d’annoncer le décès de Jean-Claude Roger Mbede, survenu le 10 janvier 2014, à Ngoumou.
M. Mbede ne devait pas mourir. Il restera le symbole de la lutte pour la dignité humaine. Aucune pratique sexuelle entre adultes consentants ne peut faire l’objet de sanctions pénales. Les poursuites de personnes en raison de leur orientation sexuelle sont inacceptables et inhumaines. En outre, le gouvernement camerounais a obligation, en tant qu’Etat de droit, d’imposer la tolérance et le respect de l’autre.
La mémoire de Roger Mbede survivra dans le combat de ses avocats pour toutes les personnes inculpées pour délit d’homosexualité et pour la dépénalisation de l’article 347 bis du code pénal camerounais.
Avocats Sans Frontières Suisse et ADEFHO demandent instamment aux autorités camerounaises :
– D’établir toute la lumière sur les circonstances suspectes du décès de Roger MBEDE et d’entamer des poursuites judiciaires si nécessaire ;
– Se conformer aux droits fondamentaux et notamment à la liberté personnelle et le droit à la vie privée prévus par:
- Le Pacte international relatif aux droits civils et politiques du 16 décembre 1966 ratifié par le Cameroun le 27 juin 1984 ;
- La Charte africaine des Droits de l’homme et des peuples de 1981, ratifié par le Cameroun le 20 juin 1989
- Le préambule de la Constitution camerounaise du 18 janvier 1996 qui prévoit notamment que tous les hommes sont égaux en droits et en devoirs et que l’Etat assure la protection des minorités ;
Le 2 mars 2011, M. Mbede a été arrêté et placé en détention provisoire à la prison de Kondengui/Yaoundé pour avoir envoyé un texto à un homme avec le message suivant: « je suis amoureux de vous. »
Il a été inculpé une semaine après son arrestation pour délit d’homosexualité prévu par l’article 347 bis du code pénal camerounais qui prévoit ce qui suit : « est punie d’un emprisonnement de six mois à cinq ans et d’une amende 20’000 à 200’000 francs (CFA) toute personne qui a des rapports sexuels avec une personne de son sexe. »
Le 28 avril 2011, sans avoir la possibilité d’être représenté par un avocat, M. Mbede a été condamné par le Tribunal de Première Instance de Yaoundé à la peine de trois ans d’emprisonnement et à la somme de 33’000 CFA (environ 50 Euro). Me Michel Togue qui se trouvait par hasard dans la salle d’audience lors du prononcé du jugement s’est constitué pour M. Mbede et a interjeté appel. Me Alice Nkom, Présidente d’ADEFHO puis Me Saskia Ditisheim, Présidente d’Avocats Sans Frontières suisse se sont également constituées pour la défense des intérêts de M. Mbede.
Le 16 juillet 2012, sur requête de ses avocats, M. Mbede a été remis en liberté provisoire. Pendant ses 16 mois de détention, M. Mbede a fait l’objet d’une large campagne médiatique pour sa libération, soutenu notamment par Amnesty international, Human Rigths Watch et All Out.
L’audience d’appel a eu lieu le 19 novembre 2012 sous haute tension. M. Mbede et ses avocats faisant l’objet de menaces de mort anonymes envoyés par textos et courriels. Une plainte pénale a été déposée par les avocats et M. Mbede pour ces faits.
Le 18 décembre 2013, la Cour d’appel du centre a confirmé le jugement de première instance. Les avocats de M. Mbede se sont pourvus en cassation devant la Cour Suprême. La procédure était en cours.
Contacts :
Me Saskia Ditisheim
Tél. +4179 747 80 21
saskia@ditisheim.com
Me Michel Togue
Mtogue@yahoo.fr
Me Alice Nkom
Tél. +237 999 03 190
Scpnkomis@yahoo.fr